Retour au pays de Giono

Et pourquoi pas refaire un tour automnal et familial dans les Alpes de Haute-Provence, quand le climat est enfin plus propice que les chaleurs accablantes de l’été qui vous poussent à rester derrière les murs frais des maisons. En quelques jours, mission impossible de faire le tour du coin tant il y a à voir. Basés dans la maison familiale de Manosque, trop loin de pousser jusqu’au Mercantour (de toute façon, les marmottes dorment en ce moment). Qu’à cela ne tienne, les proches environs regorgent de pépites naturelles à ne pas manquer. L’occasion de faire découvrir à mes petites femmes des endroits uniques que j’ai eu la chance d’arpenter il y a bien longtemps.
Un petit tour de chauffe en haut du Mont d’Or, au pied des quelques vestiges de pans de murs joliment décrits par Giono, l’enfant du pays, qui nous offre une vue panoramique sur la ville et toute la plaine de la Durance. Ce grand et maigre serpent bleu-gris qui se faufile entre les collines et les vergers à pommes.
Puis une ascension vertigineuse des lacets, dignes de la haute montagne, du plateau de Ganagobie. Nous parcourons ce lieu aussi mystique que mystérieux, avec son prieuré, toujours habité par les moines qui le remplissent de leurs chants aux heures de prière. Une myriade de chênes verts anthropomorphes, parfois plusieurs fois centenaires, peuple cet endroit singulier aux allures de forêt druidique où résonnent à heures régulières les cloches du monastère. Nous faisons le tour du plateau, rencontrant çà et là d’étranges ruines énigmatiques, apercevant dans les trouées de la canopée une spectaculaire vue des alpes qui se dressent, au loin, et qui n’ont pas encore revêtu leur manteau neigeux.
Un peu plus loin, une fois redescendus, nous longeons rapidement les majestueux pénitents, géants pointus de galets agglomérés que l’érosion à sculptés au pied du village des Mées. La légende raconte que des moines, à trop regarder les femmes des sarrazins occupant alors la région, auraient été pétrifiés sur place par la colère divine…
Autre journée, autre décor : le Colorado provençal de Rustrel, une ancienne carrière d’ocre. Un petit canyon de roches offrant un camaïeu de jaune orangé d’un contraste saisissant avec le bleu pur du ciel et le vert lumineux de la végétation. De temps en temps, nous croisons sur le sentier sinueux et escarpé, les habituels amoncellements de cairns, petits totems de pierres en équilibre, habilement construits par les randonneurs en guise de repères.
Puis, pas suffisamment rassasiés de cailloux de tous acabits, nous rendons visite aux Mourres, aux environs de Forcalquier. Là-encore, l’érosion a fabriqué une œuvre étonnante : un champ de rochers aux formes de champignons ou de nuages que les petits et les plus grands aiment à escalader. Nous parcourons consciencieusement le chemin balisé alternant chaos et dalles karstiques aux allures de petites gorges. La pluie fine du soir nous fait rentrer à la maison pour un repos bien mérité.
Dernière étape du séjour, à deux pas de la maison, au bout de la route de la Thomassine, un petit sentier rocailleux qui semble suivre le lit d’un torrent intermittent, nous emmène à une imposante dalle de pierre dont les creux et les bosses témoignent de traces d’animaux préhistoriques. En redescendant, un petit détour par une source au fond du ravin. Tête à tête inopiné avec une salamandre, comme un dernier cadeau puis, un peu de spéléo dans le boyau maçonné de la prise d’eau et retour au bercail.
A voir dans la galerie “Provence“.

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