En ces vacances de Toussaint, avec pour seule perspective la froidure et les journées raccourcies, assez peu satisfaits d’un été hexagonal sommes toutes maussade, nous débarquons à Funchal, la capitale de Madère. Assez peu renseignés sur la signification précise d’un climat subtropical et nos applis météo anticipant des températures locales mitigées, nous trainons, prudents, nos valises remplies de vêtements “mi-saison”. Mais quelle surprise (la première d’une longue série) de constater qu’une fois sur place l’air est beaucoup plus doux que prévu et que, bon an mal an, il faudra composer avec nos pantalons et nos manches longues ! Il faut savoir s’adapter… Bref, une bonne nouvelle que cette température estivale qui permet la baignade à l’aube de l’hiver. Tout ça à moins de 2500 km de notre grisaille parisienne. Voilà, climat subtropical : check.
Après atterrissage et moult formalités covidiennes, direction Praia da Calheta, au sud-ouest de l’île, où, une fois traversée une quantité invraisemblable de tunnels (il y en a 120 sur ce caillou volcanique de quelques centaines de kilomètres carrés), nous attend un magnifique hôtel en pension complète à flanc de falaise, avec vue sur l’océan. Parce que oui, soyons clairs, on vient ici pour profiter et se débarrasser des corvées habituelles. Sinon, c’est pas des vacances !
Après deux jours pour se remettre du jet lag (d’une heure !), à buller au bord d’une piscine et à se chercher une fringue qui pourrait faire office de short, départ matinal pour une expédition d’une journée en 4×4. Aventure garantie à travers les montagnes (qui culminent quand même à 1862 m) pour ce tour de l’île par le nord et l’ouest. Paysages grandioses, verdoyants et embrumés où toutes sortes de végétations se succèdent. Les innombrables bananiers qui peuplent le sud laissent la place aux eucalyptus, puis, au nord, des forêts de lauriers et des vignes. Secoués comme des pruniers (encore des arbres) dans notre véhicule spartiate (un vieux Land Rover Defender pour les puristes), nous découvrons au nord, un climat très différent, plus froid et plus humide. Sous des trombes d’eau, une petite halte dans un bon restaurant de Porto Moniz nous remet à flot (si je puis dire) pour la suite de la balade. Nous en profitons pour admirer de loin les piscines naturelles, fermées pour cause de tempête, puis nous continuons notre périple par Ribeira da Janela, Seixal puis retour au bercail où le soleil nous attend pour un apéro poncha (oui oui, j’explique après).
Le lendemain, nous visitons Funchal. La navette nous débarque au port et nous filons à la cathédrale, malheureusement en travaux, puis au marché, le Mercado dos Lavradores, très bel édifice Art Déco qui grouille de chalands et de marchands de produits locaux (un marché quoi !). Nous arpentons la rua Santa Maria qui regorge de portes peintes, véritable galerie d’art à ciel ouvert. Puis, nous grimpons au jardin tropical grâce au téléphérique. Il faut dire que Funchal est une ville pentue. Très très pentue ! L’endroit, très accidenté, est magnifique. S’y exposent une variété époustouflante d’espèces végétales agencées sur des terrasses pour contrer la déclivité de la montagne. C’est incroyable comme toutes les plantes de la planète poussent ici, en plein air ! Après ce plein de verdure, nous redescendons en luge. Oui, car ici, et nulle part ailleurs, et depuis des lustres, on peut dévaler deux kilomètres de rues goudronnées dans une sorte de traineau d’osier manœuvré par deux gros bras vêtus de blanc et coiffés d’un canotier. Une expérience unique (le prix aussi !). Nous effectuons le reste de la descente à pieds endoloris jusqu’au centre-ville un peu plus plat, puis au port où nous attend le bus de retour, devant le musée Christiano Ronaldo, héros local (pas étonnant qu’il soit champion de foot en ayant vécu dans une ville aussi escarpée !).
Le jour suivant, on y va mollo, parce que nos membres inférieurs nous rappellent la balade de la veille. Alors, quoi de mieux que d’aller visiter la fabrique d’eau de vie de canne à sucre, à deux pas de l’hôtel et d’une très jolie église blanche ! Nous déambulons entre les machines à broyer et autres alambics en cuivre de Engenhos da Calheta qui tournent seulement une fois par an pour produire l’aguardiente, ce rhum local indispensable à la confection de la poncha : avec l’alcool, du jus d’orange, jus de citron et du miel, sans oublier le “caralhinho” (= petit zizi !), bâton qui sert à touiller le breuvage. Dégustation d’un shot de rhum vieux à 10h du mat : check.
Mais comme nous en voulons toujours plus, en milieu d’après-midi nous voilà embarqués pour une virée au large, en zodiac 8 places, à la rencontre des cétacés. Et miracle, ils sont au rendez-vous : ballets de dauphins sauteurs, cachalots et même une tortue. Après quelques ailerons vaguement aperçus à la Martinique, on n’y croyait plus. Madère l’a fait !
Allez, une dernière petite excursion la veille du départ pour arpenter pendant quatre kilomètres la levada da Prazeres. Les levadas, ces petits canaux d’irrigation très malins, sillonnent l’île pour alimenter en eau les nombreuses cultures maraîchères. Ils constituent des chemins de randonnées qui guident le promeneur à travers les paysages rocheux et verdoyants, passant de village en village. Et pour clôturer le périple, une énième poncha dans un petit bar local. Dernier jour. Toujours sous le soleil, nous profitons de l’hôtel et de ses activités avant de reprendre l’avion pour Paris à regrets tant cet endroit nous a ravis, touchés, étonnés, amusés,… Une des rares destinations qui nous aura tout simplement “cueilli” et donné envie de revenir très vite, peut-être un prochain printemps pour profiter de la pleine saison des fleurs qui font la renommée de cette île. Un vrai petit paradis.
A voir dans la galerie “Madère“.